Après la publication de mon récent article intitulé « Et si… », un ami et fidèle lecteur m’a écrit personnellement pour me dire: « Soso, je n’ai plus la force de rêver… Nous avons laissé passer tant d’opportunités qu’il m’est difficile d’y croire encore. » Pendant un moment, j’étais bouche bée face à cette assertion qui faisait écho au désespoir des jeunes et des moins jeunes de mon pays.

Puis, je regardais les nouvelles qui affluaient sur les réseaux sociaux, elles ne faisaient guère grâce aux ressentiments exprimés par mon ami. On dirait que nos ancêtres n’avaient pas clairement stipulé leurs vœux. L’unité ne semblait renforcer notre puissance que pour servir des desseins maléfiques. Cette révolution que tant de gens clamaient n’offrait aucune vision d’un meilleur lendemain.

Notre pays continue de sombrer , au point même que l’ange de la mort en est dérouté. Toutefois,  certains croient encore que le pouvoir est leur apogée et sont près à tout pour y arriver. En si peu de temps, le peuple n’a jamais eu autant de propositions. Des opinions divergentes foisonnent, certaines plus controversées que d’autres, mais sans aucune vraie solution à l’horizon. D’autres estiment qu’ils n’ont pas de baguettes magiques, mais ils demeurent néanmoins sur l’échiquier,  espérant par un mauvais coup de l’adversaire le pion prendra la place du roi.

Entre temps, des jeunes fuient le pays par milliers cherchant ailleurs la stabilité, mais surtout la sécurité. Certains partent le cœur brisé laissant derrière eux tout ce qu’ils ont mis une vie à construire, parfois même la raison de toute une vie ajoutant une touche déchirante à leurs décisions. Qui donc peut les juger? Tous ceux qui ont fait ce choix difficile n’ont pas à se justifier car personne ne saura décrire les sentiments de ceux dont leurs maisons ont été vandalisées ou leurs proches séquestrés. 

Pourtant, malgré ces départs massifs, il y a ceux qui ont fait le choix délibéré de rester, entretenant une conviction profonde en la possibilité d’une nouvelle Hayti. Ils refusent de céder au découragement même au milieu des difficultés. Qui peut alors les juger? La vie tout comme le succès est une question de choix et appartient à ceux qui se lancent sans penser aux conséquences.

Cependant, cela ne signifie pas agir de manière imprudente ou inconsidérée. Faire des choix nécessite souvent une réflexion minutieuse et une préparation appropriée. Partir ou rester doit être guidé par une vision claire. Partir pour se perfectionner ou simplement pour survivre ? Rester pour participer au déclin ou pour promouvoir le progrès, la justice et la paix ?

Aucun acteur ne semble comprendre que le pays fera bientôt face à de multiples pénuries. Au-delà de la famine, il sera également nécessaire de combler des besoins en connaissances et compétences pour reconstruire ce pays. Car il nous faut des hommes et des femmes pour mener ce combat d’esprit et réinstaurer le sens de la patrie. Ce peuple divisé depuis tant d’années a désespérément besoin d’un renouveau pour se réinventer.

Un renouveau qui implique un changement profond visant non seulement à reconstruire les infrastructures mais aussi à revitaliser les liens sociaux et à redéfinir nos valeurs en tant que peuple. Pour se réinventer, chaque Haytien doit embrasser la diversité qui caractérise notre société et reconnaître la valeur de chacun, quel que soit son origine, sa religion ou son statut social. Avec une détermination incorruptible et un engagement sincère, nous avons le pouvoir de nous réinventer en une nation plus juste, plus équitable et plus prospère.

Vive Hayti !

Soyez sages chers lecteurs. A bientôt !

Laisser un commentaire